En décembre 2021, avec le soutien du gouvernement canadien et du Fonds du Primat pour le secours et le développement mondial (PWRDF), Muso et ses partenaires du secteur public ont lancé une campagne concertée afin d’améliorer l'accès et l'utilisation des vaccins dans la 6e commune administrative de Bamako, l'une des zones les plus peuplées de la capitale malienne, qui compte au moins 700 000 habitants. Depuis le début de la campagne, des équipes mobiles ont été déployées à partir de 12 Centres de santé communautaire (CSCOM) de la commune plusieurs jours par semaine pour apporter les vaccins aux habitants dans leur vie quotidienne : au marché, à la mosquée et à la maison.
La campagne de Muso avait pour ambition de combler cette lacune en matière de distribution équitable et de logistique. Un mercredi matin en janvier 2022, une équipe de trois travailleurs mobiles de proximité a quitté son lieu de travail au CSCOM dans le quartier de Missabougou, à l'est de Bamako, pour installer une station de vaccination près d'un parking utilisé par des camions de transport longue distance. Ils ont transporté des doses de Johnson & Johnson, Sinovac et AstraZeneca dans une glacière à main avec un pack de glace, ainsi qu'un sac de seringues, de gants et de cotons-tiges, et un conteneur à objets tranchants pour l'élimination des déchets médicaux. Lorsqu'elle s'est adressée aux membres de la communauté qui vaquaient à leurs occupations quotidiennes, l'équipe de sensibilisation a fourni des informations sur les avantages et les inconvénients de chaque type de vaccin, ainsi que sur les effets secondaires potentiels. Le vaccin Johnson & Johnson, à dose unique, a été le plus apprécié, car il permettait aux bénéficiaires de recevoir leur carte de preuve de vaccination le jour même, plutôt que d'attendre de la recevoir après une deuxième dose.
Au cours des 30 premières minutes passées sur le site, l'équipe mobile a vacciné une succession rapide de personnes, la majorité étant des hommes dans la quarantaine. Un membre de l'équipe a consigné les informations relatives aux bénéficiaires dans un registre, qui sera par la suite transféré dans la base de données nationale DHIS2 et utilisé pour établir une preuve numérique de la vaccination pour tous ceux qui ont été inoculés. La subvention accordée à Muso par le gouvernement du Canada a permis de financer la formation des responsables de la santé sur l’utilisation de ce nouveau système numérique.
Muso mène également une action dans notre site périurbain de Bamako, à Yirimadio, afin d'atteindre les résidents pour la vaccination grâce à la détection de cas en porte-à-porte menée quotidiennement par nos agents de santé communautaires (ASC). Les ASC examinent les patients pour les facteurs de risque du COVID-19, en donnant la priorité à ceux qui sont à haut risque en raison d'une exposition élevée ou de conditions sous-jacentes et en les associant à la vaccination. Vu que la plupart des ASC Muso sont eux-mêmes vaccinés, ils partagent souvent leurs propres expériences, démystifiant ainsi le processus pour leurs patients.
Les équipes de vaccination des CSCOM avec lesquels nous avons des partenariats rejoignent périodiquement les ASC pendant leurs visites de porte-à-porte et sont en mesure de fournir des doses directement à domicile lorsque les patients le souhaitent, garantissant ainsi que l'accès à ce service essentiel n'interrompt pas la vie quotidienne. Au cours de l'une de ces visites de proximité en mars, une femme a été vaccinée pendant qu'elle préparait le dîner pour sa famille, posant brièvement les légumes qu'elle épluchait et fermant les yeux pendant qu'un vaccinateur lui faisait la piqûre. Puis elle s'est remise à éplucher ses poivrons.
Pourtant, ces efforts de vaccination réussis au Mali ne sont pas exempts des défis et des inégalités du déploiement mondial des vaccins. Selon l'Union africaine, le Mali n'a encore reçu que 9 % des doses nécessaires pour vacciner l'ensemble de sa population, et n'administre que des doses d'Astra Zeneca, Johnson & Johnson et Sinopharm/Sinovac, tous des vaccins qui durent plus longtemps en dehors de la chaîne du froid. L'approvisionnement irrégulier et en baisse des schémas à deux doses comme celui d'Astra Zeneca signifie que les personnes qui ont reçu une dose doivent attendre de longues périodes ou se priver de leur deuxième dose, ce qui n'est pas une bonne formule pour atteindre une vaccination complète. De plus, jusqu'à très récemment, les protocoles déconseillant la vaccination au COVID-19 aux femmes enceintes et allaitantes, limitaient l'accès à une grande partie de la population adulte du Mali. Depuis fin mars, les recommandations nationales ont été mises à jour et cette limitation a été supprimée
Un approvisionnement adéquat est une pièce essentielle de l'effort mondial de vaccination, mais ce n'est pas la totalité du puzzle. Pour mettre fin à la pandémie, il faudra investir en permanence dans le personnel de santé, les équipements de protection, le transport, la chaîne du froid et des collaborations visibles et génératrices de confiance avec les ministères de la santé. Le travail de Muso avec le secteur public malien sur la campagne de vaccination COVID-19 à Bamako a montré l'impact potentiel d'une campagne de vaccination soutenue et axée sur la communauté. Le défi à venir sera de s'assurer que des initiatives comme celles-ci sont intégrées et étendues à travers des systèmes renforcés qui soutiennent la santé pour tous.