En 2011 débutait la mise en œuvre du paquet Soins Essentiels dans la Communauté (SEC) à l'échelle de cinq régions du Mali : paquet offert par des Agents de Santé Communautaires (*ASC) formés et rémunérés par les partenaires techniques et financiers (PTFs). Un an plus tard, les collectivités sur subvention de l'État devaient prendre la relève mais le chemin fut rempli d'embûches.
C'est alors près de dix ans plus tard, en février 2019, que nos partenaires du gouvernement malien ont pris un engagement ambitieux alors qu'ils étaient confrontés aux défis engendrés par la crise sécuritaire et le poids considérable de cette crise sur le budget national. Au cours de l’atelier de haut niveau sur la réforme du système de santé au Mali, le Président de la République annonce une transformation historique du système de santé national : soins gratuits pour les patientes enceintes, les enfants et les personnes âgées, des contraceptifs gratuits, des cliniques modernisées et un ASC pour chaque communauté du pays qui seraient déployés pour les 19 millions de millions de citoyens maliens au cours des quatre prochaines années. Cette transformation représenterait non seulement un investissement dans les résultats de santé publique, mais aussi dans la stabilité nationale, la bonne santé d'une population ayant été reconnue comme un vecteur de paix. À l'époque, le gouvernement a demandé l'appui technique de Muso et nous nous sommes à notre tour engagés à leurs côtés pour cette réforme sans précédent du système de santé malien.
Le 04 avril 2022, le gouvernement a adopté un décret historique qui reconnaît légalement le travail des ASC, ouvrant ainsi un cadre pour que l'État puisse commencer à payer les ASC à partir des caisses nationales dans les années à venir et posant les bases pour des réformes de grande échelle au niveau national.
Comment ?
Au cours des deux dernières années, le Mali a connu plusieurs vagues d'instabilité politique, notamment par le biais de deux coups d'État en moins de 12 mois qui a favorisé des changements de leadership et par conséquent un changement de priorités nationales. Cela n'a pas empêché la détermination des acteurs de plaidoyer au sein de la Coalition Nationale pour les Soins Essentiels dans la Communauté (CNSEC). L'appui technique et financier à la CNSEC de Muso et notre appui à la coordination du plaidoyer a permis la tenue de plusieurs réunions de coordination de la CNSEC visant à développer des stratégies de plaidoyer en faveur de la prise en charge du salaire des ASC par l’Etat. La Coalition a redoublé d'effort en adoptant des stratégies plus proactives auprès du gouvernement malien, notamment en maintenant le contact et les messages de plaidoyer vers les autorités politiques ainsi que le personnel technique du Ministère de la Santé. Ceci est la preuve d’un leadership éclairé du gouvernement qui vise à mettre la santé de la population au cœur de ses priorités.
L'équipe Muso a toujours entrepris des efforts de plaidoyer au fil du temps pour la prise en charge des ASC comme une priorité gouvernementale :
Au début du processus, il a été constaté que certaines parties prenantes clés comme le Ministère des Finances et de l’Economie, le Ministère de la Fonction Publique, le Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation, le Secrétariat Général du Gouvernement, et le Commissariat au Développement Institutionnel n'avaient pas été associés ce qui a provoqué des retards, et même des blocages, dans l'évolution du décret. Pour permettre aux différents acteurs d'être au même niveau d'information et de franchir cet obstacle, le Ministère de la Santé à travers la Cellule d’Appui de la Déconcentration et la Décentralisation (CADD) a pris l'initiative de faire participer ces structures aux ateliers de validation du projet de décret et les autres étapes clés du processus jusqu'à l'adoption. Cela a permis aux différents acteurs d'avoir une compréhension commune de la question et des modalités de prise en charge des ASC. Durant cette étape clé du processus, Muso a fait un certain nombre de démarches pour appuyer nos partenaires gouvernementaux comme le financement des ateliers de validation du projet de décret et le recrutement d’un consultant pour l’élaborer l’ébauche de projet de décret qui a été soumis au ministère à travers la CADD.
Étape Suivante
Cela donne une forme à la santé communautaire qui connaît désormais une avancée significative. Les ASC pourraient être bientôt la première porte d’entrée de la santé pour les populations. Si ce processus aboutit, les populations auront davantage accès à ce droit fondamental qu’est la santé, d’ailleurs reconnue par l’article 17 de la Constitution de 1992 de la République du Mali.
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