Une grande découverte qui pourrait redéfinir la protection des enfants en période de conflit. C’est l’annonce qu’a faite aujourd’hui l’investigateur principal Dr. Kassoum Kayentao de l'Université de Bamako, et scientifique principal de Muso, à Lusaka lors de la Conférence Internationale sur la Santé Publique en Afrique (CPHIA) au nom d'un consortium international de chercheurs. Cette découverte est le fruit de notre essai sur la Gestion proactive des soins essentiels pour la communauté (ProSEC).
Dans la capitale zambienne, Dr. Kayentao a présenté les résultats de cet essai qui constitue l'un des plus importants de son genre.
Les résultats clés de l'étude ont révélé que :
Le taux de mortalité infantile a chuté, passant de 148/1000 à 55/1000, lorsque les patients des deux groupes de l'étude ont bénéficié d’un accès à des cliniques de soins primaires réhabilitées, de soins d'Agents de Santé Communautaires (ASC) professionnels dans leurs villages, et de la suppression des frais de santé.
L'essai a constaté que les visites à domicile n'ont pas eu d'incidence sur la survie des enfants, mais qu'elles ont amélioré de manière significative les soins prénataux précoces et complets.
L'étude a suivi 135 149 personnes pendant trois ans sur 137 sites ruraux à Bankass, au Mali. Elle cherchait à répondre à la question universelle concernant l'impact de la visite à domicile, l'une des plus anciennes pratiques de la médecine. Pour ce faire, l'équipe chargée de l'étude a fourni aux communautés des soins de santé sans frais, des ASC professionnels dans chaque village et des cliniques de soins primaires renforcées. Ensuite, la moitié des patients ont été assignés de manière aléatoire pour recevoir des visites à domicile deux fois par mois.
Des membres de l'équipe Muso à CPHIA le 28 novembre à Lusaka, en Zambie, quelques instants après la présentation de Professeur Kassoum Kayentao sur les résultats de l'essai ProSEC. De gauche à droite: Dr. Kassoum Kayentao (Investigateur Principal et Scientifique Principal de Muso), Dr. Hanane Akrim (Experte en Partenariat et Expansion dans les nouveaux pays), Dr. Maud Akissi Amon-Tanoh (Coordinatrice Principale de Recherche), Stéphanie Rapp (Directrice des Partenariats Institutionnels), et Dr. Christian Rusangwa (Directeur de l'Assistance Technique).
La réalisation de cette étude n’a pas été un périple tranquille. Un an après le lancement de l'essai, la situation sécuritaire dans la zone d’étude a rendu son exécution difficile. Cette localité du pays, autrefois paisible et classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, est devenue le centre d'un conflit régional. Des villages entiers ont été détruits et des communautés déplacées. La survenue du conflit qui a donc coïncidé avec le début de l’essai a constitué une ouverture rare pour comprendre comment mieux servir près d'un enfant sur six qui vit aujourd'hui dans des zones de conflit ou à proximité de celles-ci.
Pour le Directeur Général de Muso Ari Johnson, professeur associé à l'UCSF et investigateur dans le cadre de l'étude, «Les résultats de l'essai montrent que les conséquences de la guerre sur les enfants ne sont pas inévitables. Ces communautés ont mis en place des systèmes de soins de santé qui se sont révélés plus puissants que la guerre».
L’investigateur principal Kassoum Kayentao ajoute: «La réussite de ces communautés dans la réduction des taux de mortalité infantile souligne que nous pouvons et devons en faire plus pour les enfants et les communautés en situation de conflit, en investissant davantage dans les soins fournis par des prestataires communautaires et des cliniques de qualité, sans frais pour les patients».
Fournir des soins de santé sans frais aux communautés, renforcer les cliniques de soins primaires et la participation des ASC a permis de connaître l'efficacité de cette phase d'expérimentation. Emily Treleaven, investigatrice principale et auteure correspondante, développe qu'avant l'essai ProSEC, les preuves sur les programmes communautaires de santé infantile suscitaient un bon nombre de questions sur la manière optimale de concevoir les programmes autour des ASC pour améliorer la santé infantile. La diminution de la mortalité dans les deux groupes au cours de l'essai suggère que la suppression des frais de soins de santé et l'amélioration de l'accès aux soins primaires à proximité du domicile peuvent jouer un rôle clé dans la réduction des décès évitables au cours des cinq premières années de vie.
Pour le Dr. Mohamed Berthé, Coordinateur de l'Unité de Mise en Œuvre du Renforcement du Système de Santé (UMRSS) du Mali, «De nombreuses vies ont été sauvées à Bankass grâce à la mise en œuvre du modèle de Muso». Il continue: «Les résultats de l’essai ProSEC ne sont pas de simples chiffres, ils nous permettront de formuler des politiques non seulement impactantes mais aussi bienveillantes, garantissant que chaque personne reçoive les soins qu'elle mérite».
Aujourd'hui, plus de la moitié des pays d'Afrique subsaharienne s'efforcent de développer les soins communautaires et primaires afin d’atteindre la couverture sanitaire universelle. À l'échelle mondiale, les taux de mortalité infantile sont deux fois plus élevés dans les zones de conflit et dans les États fragiles, car la guerre empêche les enfants d'accéder aux soins de santé et à la nutrition. Ce qui a pour conséquence l’augmentation de la mortalité infantile. Ces résultats offrent une feuille de route pour relever certains des défis les plus pressants pour les communautés en situation de conflit.
Les résultats de l'essai sur la mortalité infantile sont actuellement en cours d'examen par des pairs en préparation de la prochaine publication. Les résultats de l'essai sur la santé maternelle ont récemment été publiés dans le British Medical Journal of Global Health, disponibles ici.
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